Johnny Cash, « Out Among The Stars », un album fini qui attendait depuis 30 ans


Johnny Cash a passé l’arme à gauche il y a plus de dix ans et on compte déjà une bonne poignée d’albums posthumes entre des enregistrements crépusculaires inédits de chez Rick Rubin et des bandes démos qui prenaient la poussière dans le grenier familial. Nous avons droit depuis quelques semaines à « Out Among The Stars », un nouvel album posthume de l’Homme en Noir mais contrairement aux précédents qui rassemblaient les derniers enregistrements chronologiques qui n’avaient pu être rendus publics avant le décès du country man ou les fonds de tiroirs des années 50 et 60, le contenu proposé est différent. Il s’agit d’un album qui avait été enregistré et produit entre 1981 et 1984 et mis de côté par l’employeur de l’époque de Cash, Columbia, avant de tomber dans l’oubli de la poussière du grenier jusqu’à ce que le fils Cash retrouve les bandes. Le début des années 80 est la pire de l’Homme en Noir. L’Histoire occulte cette période pour retenir de Johnny Cash les années rockabilly chez Sun, les années folk chez Columbia, les concerts en taule, l’émission télé, la réunion des hors-la-loi de la country, les Highwaymen avant la renaissance christique chez Rick Rubin dans les années 90, comme le « born-again christian » (« nouveau chrétien » ou chrétien régénéré) qu’il était. La période considérée, entre 1981 et 1984, est celle de la traversée du désert commercial de l’Homme en Noir. Pancarté comme un has-been, obsolété par sa compagnie, il continue néanmoins à écrire, enregister et produire des morceaux qui ne verront pas le jour à l’époque où la country est incarnée par le « urban cowboy » de John Travolta et préfigure la horde de chanteurs de pop-rock à chapeaux de cowboy menée par Garth Brooks. Les morceaux de « Out Among The Stars » ne sont donc pas conformes à cette vague à couvre-chef et atteignent de facto une certaine intemporalité. Dépoussiérés, on y a ajouté quelques parties instrumentales avec des musiciens qui ont parfois joué sur les parties originales, tels que Marty Stuart. Ce produit fini nous offre les différentes facettes du Man In Black, du bluegrass de « Don’t You Think It’s Come Our Time » au gospel de « I Came to Believe » en passant par le rockabilly de « Rock and Roll Shoes » ou « I’m Movin’ On » (avec le hors-la-loi de Austin, Waylon Jennings) et la country classique de « Tennessee » et « She Used To Love Me a Lot » sans oublier le rythme ferroviaire de « Out Among the Stars » qui a fait la marque de fabrique de Johnny Cash.
Loin du dépouillement mono en trio de « Folsom Prison Blues » ou « I Walk The Line » à l’aube de sa carrière, loin également de la voix du vieillard des productions crépusculaires estampillées « American Recordings », cet album, neuf, nous offre la voix d’un Johnny Cash dans la force de l’âge avec des arrangements classiques, a fortiori intemporels.
Ecoutez le podcast de l’émission consacrée à Johnny Cash : L’heure de l’Homme en Noir